Cultiver des plantes sauvages pour le jardin

Lorsque j'étais (plus) jeune, disons 12 ans, je n'avais pas les moyens de jardiner autrement qu'en cultivant des plantes sauvages. Ce n'était pas avec 30 francs d'argent de poche par mois que je pouvais m'acheter graines et plantes pour assouvir une passion naissante et dévorante pour le jardinage.

Lorsque mes parents ont emménagé dans leur maison, ils m'avaient attribué un lopin de terre d'une dizaine de mètres carrés dans lequel je cultivais ce que l'on appelle aujourd'hui grossièrement des mauvaises herbes. Ce mini-jardin je le trouvais beau, car c'était le mien, rien qu'à moi... Avant de faire des études horticoles, bien après, j'ai donc commencé à étudier la flore sauvage avec l'innocence de mon jeune âge et un unique livre (que je possède encore) s'appelant "Flore d'Europe".

Avec le recul j'admire aujourd'hui le côté malin et en fin de compte en avance sur mon temps de ma démarche de l'époque. J'observais les plantes vendues en jardinerie et essayais de trouver un équivalent, gratuit, dans la nature. Voici un exemple: j'ai cherché une plante, pour mettre dans mon petit jardin, semblable au muflier. C'est ainsi que je découvris une petite plante sauvage aux fleurs jaunes quasiment identiques aux mufliers: la linaire commune. M'étant rendu compte que les prélever dans la nature et les repiquer dans mon bout de terrain n'était pas très concluant je récoltai les graines de la dite plante pour la cultiver avec succès, pour le plus grand désespoir (et un peu d'amusement) de mes parents ne comprenant pas cette passion pour les mauvaises herbes...

Pourquoi je vous parle de tout cela ? En fait ces souvenirs sont remontés à la surface il y a peu de temps à la faveur d'un échange avec un chargé de mission de la chaine de jardinerie botanic avec laquelle un partenariat a été tissé dans le cadre d'échanges avec certains blogueurs. Ils m'ont demandé ce que je pensais de l'espace destiné aux haies vives qu'ils avaient mis en place sur leur site. Botanic proposait des arbustes, certes très jolis, mais que des variétés horticoles. Or les variétés d'arbustes horticoles n'ont pas une valeur écologique optimale par rapport à des arbustes dits "sauvages" que l'on trouvait jadis dans les nombreux bocages. Je leur ai donc répondu: pourquoi ne pas intégrer des végétaux "non horticoles" à leur gamme pour accentuer l'aspect biodiversitaire. En même temps je suis demandé s'il existait des producteurs assez fous pour cultiver des arbustes sauvages et les vendre à une jardinerie.

La réponse m'est venue 3 semaines plus tard en lisant le lien horticole (presse professionnelle) du 14 novembre 2012. Un article sur une jeune pépinière à Bruz, au sud de Rennes (35) a retenu mon attention. Floridée'o, la pépinière en question, dirigée par Mathilde Radenac et Thao Ngo s'est spécialisée dans la culture de plantes sauvages locales. Grâce à des conventions passées avec des communes les deux créatrices de cette pépinière récoltent des boutures et des semences en milieu naturel pour en faire la culture. Les plantes ainsi obtenues sont vendues à des écojardiniers, des écoconcepteurs, des communes, paysagistes et aux particuliers lors de foires aux plantes.

Mais les jardiniers et consommateurs d'aujourd'hui sont-ils prêts à acheter ce type de plantes ne correspondant pas aux canons de beauté végétale actuelle. Seriez-vous prêt à payer pour acheter une plante ou un arbuste que vous trouveriez à l'état naturel dans une forêt ou une prairie près de chez vous ?

Jean-Marc Chery/Hortiman

Planete Jardin

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